Le Pas-de-Roland, Le cacolet, Itxassou, Artzamendi, Louhossoa, Mondarrain

Traversons ce petit ruisseau qui touche à la fontaine ferrugineuse, et remontons la rivière qui devient de plus en plus encaissée. Sentez-vous cette odeur de buis? Après ces chênes, nous allons en trouver des bouquets qui garnissent les flancs de la montagne et rendent le chemin assez difficile. Revenons à l'établissement où nous attendent les deux montures qui doivent nous porter au Pas-de-Roland. Pendant ce temps, nous pouvons jouir de la scène bouffonne que nous avons sous les yeux. […]

Du haut de cette côte, la vue devient belle; nous pouvons voir devant nous la gorge du Pas-de-Roland, les montagnes d'Arsa et Louhossoa où se trouve une mine de kaolin. C'est une belle course à faire et bien intéressante; mais comme il faut une demi-journée et que le temps nous manque, laissons donc la route à droite, et suivons ce sentier moins régulier qui nous conduit à l'église, assez ancienne, d'Itsatsou. Abandonnons nos montures à l'auberge; nous n'avons plus qu'à traverser cette longue place entourée de châtaigniers et ce champ, pour être au bord de la Nive. Ce site s'élève davantage au-dessus de la Nive, et ces rochers qui se sont détachés de la montagne et qui contraste singulièrement avec celui de Cambo. […]

Ce rocher resserré entre deux montagnes, et dans lequel est pratiquée une ouverture qui a la forme d'un pied, c'est le Pas-de-Roland. On raconte que ce rocher étant un obstacle à la marche du preux Roland, qui a laissé de nombreuses traces de son passage dans les Pyrénées : il fut ouvert par lui d'un coup de pied. Les paysans disent que ce fut avec trois œufs durs qu'il jeta l'un après l'autre contre la roche.

Ce passage creusé dans le roc est fort pittoresque; ces tourbillons d'écume qui bouillonnent à nos pieds ; ces deux grandes murailles naturelles qui rétrécissent la vallée; des bouquets d'arbres dans le lointain, et ce petit coin de ciel qui se laisse voir au-dessus des montagnes sur lesquelles se détache le Pas-de-Roland, tout impressionne le voyageur et donne le désir de passer outre. […]

 

(1) On nomme cacolet un bât placé sur une bête de somme, sur les lianes de laquelle sont placés deux chaises ou fauteuils munis par devant d'une petite planchette pour reposer les pieds.