Les Allées-Marines, Blanc-Pignon, les Pignadars, l’Adour

La journée s'annonce magnifique; le vent souffle de l'est, il y aura sortie de navires ; c'est bien tentant. Dirigeons-nous donc vers les Allées-Marines. Cette belle et vaste promenade sur le bord de l'Adour, commencée en 1727 avec le lest des navires et continuée de nos jours, est destinée à devenir une des plus belles de l'Europe. C'est un délicieux bosquet qu'un rayon de soleil ne peut traverser; ses points de vue, ses paysages, ce spectacle incessant de navires qui montent ou descendent la rivière, et la douce brise qui y règne presque constamment, en font le rendez-vous de prédilection des flâneurs. Il y a peu de temps encore que les terres si bien cultivées aujourd'hui et qui bordent ces allées, étaient des marais infects. Nous voici au Blanc-Pignon. Asseyons-nous sous ces pins avant de nous lancer dans le Pignadar.

L'Adour, vu d'ici, forme un bassin coupé par le nouveau pont. A gauche, la citadelle qui domine Saint-Esprit ; à droite, la vieille cathédrale, dont la sombre silhouette fait opposition avec le verdoyant tapis des coteaux qui la dominent et d'où elle semble se détacher; à l'horizon, ces montagnes d'un si joli bleu, vues au travers de ce brouillard léger qui s'élève de chaque vallon: tout cela constitue un panorama dont l'œil se détache à regret.

Mais d'où nous vient le parfum que la brise nous apporte ? Ce sont ces étoiles d'un rose tendre dont l'odeur rappelle le printemps.

Continuons notre promenade avant que le soleil ne soit plus haut, car il ferait très-chaud sous les pins. C'est ici le jardin d'hiver de Bayonne, jardin qui n'est pas sans charmes, car on y peut braver le vent à l'abri des pignadars.

Sur la rive opposée et près du Boucau, le bateau à vapeur commence à s'éveiller; cette fumée dont il se couvre annonce qu'il va sortir. Hâtons le pas, et suivons avec précaution ce sentier pour éviter les ajoncs et les genévriers; ici, ce n'est plus le suave parfum des œillets, c'est l'odeur acre de la résine qui domine. Ces buissons de cyste blanc, de grandes aigrettes, de genêts et d'èglantines, mêlés à ce gazon fin et délicat, font plaisir à voir.

Ne trouvez-vous pas que ces deux petites barques que nous apercevons entre ces deux bouquets d'arbres et qui se balancent sur les Ilots comme deux mouettes sur la mer, font un charmant effet ? […]

Arrêtons-nous. Le pavillon de sortie flotte à la tour des signaux; les navires attendent, les voiles à demi tendues, le passage du bateau à vapeur qui doit les prendre pour les remorquer. Ils sont trois : un brick aux formes élégantes, aux mâts coquettement inclinés sur l'arrière, un trois-mâts sortant des chantiers, et une petite goélette.

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