Le port, la citadelle, la prison, l’église Santa Maria

Si vous préférez le pittoresque à la régularité, dirigeons nos pas vers le port. On y arrive en passant encore sous une arcade que l'odeur du poisson et du goudron annoncent à l'avance. On regrette, en voyant ces navires, qu'ils ne soient pas d'un fort tonnage, et que le port ne soit pas plus vaste et plus profond, pour donner asile à de grands bâtiments. Le trois-mâts qui se balance incessamment dans la rade, serait bien peu abrité derrière cette petite île de Santa Clara, si la mer devenait houleuse. Dernièrement, un navire s'est brisé sur cette plage si unie, au lieu où ces baigneurs jouent paisiblement dans l'eau. Quoi de plus calme pour tant que la vue de cette rade !

Si vous êtes reposé, entreprenons l'ascension de la citadelle : ces arbres forment une charmante promenade au-dessus de la ville ; les montagnes qui se dessinent si belles à mesure que nous nous élevons; ces lignes si larges, si grandes, tout cela est réellement beau. Nous laissons à gauche une batterie qui domine la rade, et nous traversons celle de Las Damas. […]Si vous vous sentez la force d'aller à la citadelle ou Castillo de la Mota, marchons ; nous pourrons voir de plus près ces rochers qui bordent la mer : la montée est plus fatigante que difficile. Nous sommes arrivés.

Vous ne comprenez pas pourquoi de la fenêtre grillée placée au-dessus de la porte, descend un petit panier suspendu par une corde. Un prisonnier nous a vus arriver : il tend son filet, le pauvre homme; et il est bien rare que son appel ne soit pas entendu. Quelques cuartos adouciront sa captivité. Pour vous remercier, il vous dira : « Bénie soit la mère qui t'a enfanté. »

Pour varier nos plaisirs, lorsque vous aurez vu la ville et son port à vos pieds, nous redescendrons par le côté nord. Le chemin est plus boisé, les arbres dominent les maisons comme au port de Passages. […]