Présentation de Saint-Jean-de-Luz, Louis XIV, l’église, Kaskarots

Cette ville, dont une partie repose dans la mer, et dont l'autre partie semble devoir un jour lui appartenir, à en juger par les envahissements progressifs et opiniâtres de cet élément, a quelque chose de triste. Ses rues désertes et silencieuses qu'animait autrefois la présence des corsaires ; les riches cargaisons que ces hardis marins ramenaient dans ce port, et les nombreux bâtiments qu'on expédiait pour la pêche de la morue et de la haleine, donnaient de la vie à tous ces quais et â ces places abandonnés aujourd'hui.

Placée à l'embouchure de la Nivelle, cette ville est séparée de Ciboure par cette dernière rivière.

Au sud-ouest de Saint-Jean-de-Luz, s'élève le fort Socoa qui s'avance dans la mer, et le petit village du même nom avec un hâvre où viennent s'amarrer de petits bâtiments et des barques de pèche. Au nord, les hauteurs argileuses de Sainte-Barbe.

La population de Saint-Jean-de-Luz n'est que de 3 574 âmes. La langue basque y est généralement parlée. La principale ressource de ses habitants ne consiste que dans la pèche de la morue, la pêche du thon et des anchois, et la salaison de ces deux derniers poissons. Au mois de mars, les marins qui font les voyages de Terre-Neuve se rendent â Bayonne et à Bordeaux pour s'y embarquer. La campagne dure jusqu'en septembre, quelquefois en novembre. Au retour des terre-neuviers, Saint-Jean-de-Luz reprend un peu d'activité. […] L'église avec ses colonnes, ses statuettes dorées, ressemble un peu aux églises espagnoles ; et par la disposition intérieure du vaisseau, par la superposition de ses étages de galeries, présente le caractère architectural adopté dans le pays basque. La porte principale a été, dit-on, murée après la cérémonie du mariage de Louis XIV.

Saint-Jean-de-Luz est traversée par une rue à laquelle viennent aboutir des ruelles étroites. Les toits des maisons d'un rouge de brique, les volets, les portes, les poutres et les compartiments de maçonnerie, peints en rouge sang de bœuf, produisent un singulier effet sur le touriste.

Ces femmes que vous avez vues parcourant les rues de Bayonne, les jupons relevés jusqu'aux genoux et attachés avec un mouchoir, poussant des cris aigus pour vanter la bonne qualité de leurs marchandises, ce sont les marchandes de sardines de Saint-Jean-de-Luz. Elles arpentent 20 kilomètres au pas de course, avec une charge de 30 kilogrammes sur la tête, débitent leur poisson en ville, et reviennent en compagnie, chantant et dansant sur la route, après s'être préalablement rafraîchies avec le petit verre obligé de consolation. […]

 

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