Le port, les trincadoures

Acheminons-nous vers le port, c'est, toujours avec un vif intérêt que le voyageur contemple ces maisons flottantes dont la physionomie est si variée.

Devant nous, ce navire dont les flancs reflètent si bien le mouvement de l'eau, tant il est brillant et galipoté, c'est un hollandais. Le capitaine se promène sur le pont, tandis que sa femme, avec son bonnet garni d'épingles d'or et sa robe à la taille courte, qui fait un si grand contraste avec le costume gracieux de ces contrées, regarde avec curiosité les promeneurs.

Et ces gros matelots si blonds, si frais, si roses ? Le navire qu'ils montent est anglais; son bordage si droit, sa coque qu'aucune couleur ne vient égayer, le font facilement reconnaître. Laissons-les gravement fumer leurs pipes, et examinons ces bâtiments légers dont la singulière mâture attire particulièrement notre attention : ce sont des trincadoures. […]

Sous les arceaux du Théâtre, ce sont des causeries qui se croisent dans tous les sens. Ces Messieurs qui marchent devant nous parlent assez haut pour que nous puissions entendre leur conversation. Celui du milieu est Espagnol; les colonnes de fumée qu'il envoie de notre côté le font ressembler à une cheminée de bateau à vapeur. Il est question de contrebande, et il promet que les ballots qui sont sortis ce matin de la douane, seront introduits demain en Espagne, par Béhobie, à la barbe des douanes espagnoles. Cela vous parait difficile, cela se fera cependant sans que les marchandises soient saisies; c'est ce qui vous sera expliqué plus tard.

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