Le Gipuzkoa, Les costumes (les sabanillas, les abarcas), les loisirs (les jeux, les fêtes, les zortziko), l’alkalde, les outils (le laïa), le txakoli, les femmes, les hommes

Aujourd’hui, il serait très-difficile de savoir quand cette Province a été appelée Guipuzcoa. En 839, elle était connue sous le nom de Ipuzcoa (Cataloga de los Obispos), sans qu’on puisse en connaître l'étymologie.

Réduite à quelques maisons isolées, que les habitants construisaient pour cultiver le terrain nécessaire à leur subsistance, la division du territoire devint nécessaire par suite de l'augmentation de la population. La province fut partagée en vallées qui se gouvernaient par leurs juges respectifs, et de ces vallées sont sorties plus tard des villes.

Quoique plus petite que les provinces d'Alava et de Biscaye, la province de Guipuzcoa est plus peuplée que les autres. […]

Les femmes mariées se coiffent d'un mouchoir blanc ou sabanilla, noué sur le front. Les jeunes filles ont seules le privilège de se montrer en public la tête nue avec de longues tresses. Si l'une d'elles avait failli, il lui était enjoint autrefois de se couvrir la tête.

Les hommes et les femmes, dans l'intérieur de la province, sont chaussés d'abarcas. Les hommes portent le berret bleu ou rouge. Sur la côte, les vieillards sont coiffés d'un chapeau relevé par derrière, et qui a assez de ressemblance avec la casquette qu'on portait au moyen âge.

Les principaux divertissements, dans cette province, sont : le jeu de paume, les courses de novillos, le jour ou le lendemain de la fête locale. Tous les dimanches, hommes et femmes se réunissent sur la place pour danser au son du tamboril et silvo (tambourin et flageolet), instruments que quelques auteurs croient être la fameuse Vasca tibia des anciens.

La danse des épées, ainsi que celle appelée Zortcicos, est très-ancienne; cette dernière surtout est fort originale.

La justice sévit très-rarement et dans des cas extraordinaires. Le respect pour l'autorité est si grand, que la seule présence de l’alcalde (maire), armé de sa vara (baguette), suffît pour apaiser une émeute.

L'instrument dont on se sert dans les provinces pour labourer, se nomme laïa. C'est une grande fourchette de fer, à poignée de bois, dont les deux dents ont de 40 à 50 centimètres. Les travailleurs se placent sur la même ligne, une laïa de chaque main, soulèvent et retournent profondément un banc de terre, après avoir enfoncé leur instrument jusqu'à la poignée en s'aidant de chaque pied.

Malgré le soin qu'on apporte dans la culture de la vigne sur la côte, elle dégénère, et produit un petit vin blanc ou teinté nommé chacoli, qui a assez de ressemblance avec le petit Bordeaux. […]

Les femmes de cette province sont généralement belles. Il n'est pas rare de voir parmi ces jeunes filles qui travaillent aux rudes travaux des champs, des beautés parfaites. On cite celles d'Irun, de Tolosa, d'Aspeitia et Ascoitia ; mais pour être impartial, on peut dire qu'elles sont bien partout.

Les hommes ne leur cèdent en rien ; ils sont généralement beaux et grands, et ont un air résolu qui leur sied à merveille. Comme guérilleros, les Basques sont excellents dans leurs montagnes. Gaspard Jauréguy, appelé el Pastor (le Pasteur), avait obtenu le grade de général dans l'armée des christinos, grâce à son habileté dans la guerre de montagnes. Les Basques sont, au besoin, aussi bons soldats que bons cultivateurs.

Aujourd'hui, la province de Guipuzcoa, après bien des secousses, et après avoir souffert de la guerre civile dont il reste encore des traces, est une des plus riches et des plus florissantes de l'Espagne.

 

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